dimanche 13 juillet 2008


Mercredi 22h. Le téléphone sonne. Jamais je ne pense aux gendarmes. Ni même à l’hôpital.
Le téléphone sonne, comme très souvent en ce moment.
Pour un oui, pour un non. Je décroche.
Mum au bout du fil.
« - Pascal ? »
La voix est grave. Calme mais grave.
En l’espace d’un instant, je comprends que c’est sérieux.
Qu’on ne plaisantera pas cette fois-ci.

Denis.
Mon cousin.
30 ans.
Emporté, dans l’exercice de ses fonctions.
Il laisse 2 enfants. Une femme. Un frère, des parents. Désemparés.

Lui s’est envolé…

Je raccroche.

J’étais assis mais je comprends à ce moment là le sens de l’expression « avoir les jambes coupées ». Le choc est brutal. Alors même que je prenais conscience il y a encore quelques jours que je ne prenais pas le temps de VIVRE ma vie de FAMILLE, et délaissais mes amis, la Vie me rappelait à l’ordre violemment. En arrachant un de mes proches.

Mon cousin, que j’appréciais, même si nos vies avaient pris des directions différentes, avec qui j’avais partagé nos conneries de gamins. Mon cousin, que j’avais – un temps – trouvé un peu rapide en ayant eu deux bouts de choux alors qu’il s’assumait à peine, celui-là même qui bien qu’ayant donné du fil à retordre à ses parents à l’adolescence s’en était plutôt bien sorti au final… Il partait sans crier gare.

Et moi, je suis là, comme un con sur mon canapé, à gober.

Les larmes pointent. Les sanglots suivent. Les sentiments fusent, dans le désordre.
Injustice, Colère, contre la vie, contre la terre entière, contre moi. Incapable de bouger. Envie de crier ma tristesse. Les mots ne me viennent pas. Aucun. Ou tellement désordonnés, que je ne peux clairement les ré-exprimer.

Besoin de partager ma peine, trop lourde. L’ordinateur, pourtant à porter de main, n’a curieusement pas mes faveurs. Je lui préfère le silence d’un SMS.
IL répondra présent quelques minutes plus tard.
IL m’aidera à envisager une nuit courte.
IL a le don de me soulager.
IL a l’humilité que je n’osais même pas imaginer.
IL n’est pas là, mais le sera quelques heures plus tard.

De Denis, les souvenirs sont déjà un peu empoussiérés, mais qu’importe. Je garderai à jamais ces rires partagés les soirs d’été, attaqués par les moustiques, autour d’une table de camping, jouant au Monopoly à la lueur de la lampe à gaz…

Adieu Denis, où que tu sois, je ne t’oublierai pas.

(Image Copyright : Yann Renoult/FlickR)

1 commentaire:

naturel86 a dit…

très émouvant...
et très triste
toutes mes condoléances tardives mais sincères
Jérôme xxx